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20 juin 2012 3 20 /06 /juin /2012 10:03

take-shelter.jpgLa maladie psychique est une catastrophe naturelle. De la même manière que s'il était face à une tempête dévastatrice ou à un raz de marée, face à la psychose l'homme ne peut absolument rien. Malgré tous ses talents, ni la science (la chimie du psychiatre), ni l'amour (le dévouement de sa femme), rien ne peut empêcher un homme, tel que Curtis dans ce film, de sombrer dans le délire paranoïaque qui semble être inscrit dans son destin de manière implacable. 

 

Curtis pressent l'arrivée de catastrophes naturelles imminentes. Il interprète le moindre assombrissement du ciel, la moindre agitation d'un essaim d'oiseaux comme les signes de dangers qui vont entrainer l'effondrement du monde. Parce que son monde intérieur est en train de s'effondrer.

 

Il est alors obsédé par l'idée de construire un abris (a shelter) dans les bas-fonds de son jardin. Et à cause de cette obsession, il va perdre son travail, il va ruiner sa famille et il va mettre en péril la possibilité de soigner sa fille sourde et muette. La psychose commence à tout ravager sur son passage ! Cet abris sous-terrain est la métaphore des derniers retranchements de sa psychée qui bascule peu à peu dans les ténèbres. C'est un endroit retiré du monde, sombre, et éclairé par une faible lampe. Son abris est le dernier refuge pour lequel il se bat, comme il se bas avec courage pour resister à cette folie qui l'embarque malgré lui.

 

Et malgré le puissant amour de sa femme aussi (la douce et si maternelle Jessica Chastain). De la même manière que dans 'L'Enfer' de Chabrol, il est très émouvant de voir cette femme qui accompagne la détresse de son mari qui bascule, sans que l'amour ne puisse rien y changer.

 

La maladie psychique est une catastrophe naturelle. Naturelle dans le sens où c'est finalement une protection qui n'est pas si insensée face à la cruauté du monde. L'homme face à l'univers, face à sa faiblesse infinie et à l'idée de sa propre mort et celle à venir de ceux qu'il aime, n'a-t-il pas finalement RAISON d'avoir peur. Curtis n'est-il pas finalement celui qui voit clair, quand tous les autres s'occupent à de futiles activités ? Ou bien est-ce celui qui n'accepte pas son impuissance face à l'inexorable fin de ce qu'il aime ? 

 

Sur le même thème que deux autres films primés à Cannes en 2011,  'The tree of life''  de Terrence Malik et 'Melancholia' de Lars Von Tier, 'Take Shelter' évoque le mystère à double tranchant de l'homme face à l'univers. Dans 'Melancholia', Justine qui sombre dans la mélancholie parait également avoir une lucidité hors norme ; et ce n'est pas la science mais la volonté de protéger l'enfant qui permet de se raconter des histoires pour feindre de ne pas avoir peur de la mort. Dans 'The Tree of life', le rapport à l'infinie est plus poétique et rend la présence de l'homme ici-bas merveilleuse. Et là encore, c'est le lien à l'autre, et plus particulièrement à la famille, qui permet de donner du sens à l'étrangeté de la condition humaine.

 

'Take Shelter' montre avec brio que notre rapport au monde et lié à notre rapport aux autres et donc à la question d'interprétation collective de signes. La fille sourde et muette, enfermée dans une certaine solitude, intéragit avec sa mère et son père parce qu'elle partage un langage de signes en commun. Par contre Curtis ne partage plus avec personne l'interprétation de ce qu'il voit. La paranoïa, aussi appelée maladie de l'interprétation, met ici en évidence, que la folie ne consiste pas à sur-interpréter le réel (car nous le faisons tous) mais à ne plus trouver d'interlocuteur capable de partager notre interprétation d'un signe. La psychose entraine surtout une incommunicabilité, et par conséquent une réelle solitude et donc d'être écraser par l'univers.

 

La remarquable prestation de Michael Shannon, dont le visage se déforme au fur et à mesure du film, contribue largement à comprendre quelle compassion on peut avoir pour un homme qui sombre dans la paranoïa, malgré sa formidable capacité de destruction. Et s'il devait y avoir une morale, ce film nous montre avec tendrese à quel point le psychotique n'est pas un monstre mais au contraire profondemment humain, voir trop humain...

 

 

Fiche : 

  • Date de sortie
    4 janvier 2012 (2h 00min)
  • Réalisé par
  • Avec
  • Genre
  • Nationalité

    Synopsis et détails

    Curtis LaForche mène une vie paisible avec sa femme et sa fille quand il devient sujet à de violents cauchemars. La menace d'une tornade l'obsède. Des visions apocalyptiques envahissent peu à peu son esprit. Son comportement inexplicable fragilise son couple et provoque l'incompréhension de ses proches. Rien ne peut en effet vaincre la terreur qui l'habite...

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15 juin 2012 5 15 /06 /juin /2012 11:36

louise-wimmer.jpg Un bel hyme à la dignité. Louise Wimmer est noble dans la pauvreté. Mais cette épreuve, qui est aussi celle de la solitude, oblige à la confrontation à soi. C'est ainsi que Mennegun film souvent son héroïne face au miroir. On y voit les rides évidentes qui marquent sa cinquantaine mais aussi ces grands yeux bleues qui évoquent la promesse de meilleurs lendemains.


Louise se retrouve dans l'impasse du travailleur pauvre. Elle n'a plus rien : ni argent, ni temps, ni soutien humain. Elle dors dans sa voiture. Mais elle roule aussi avec sa voiture, ce qui rappelle "Le gamin au vélo" des frères Dardenne et cette idée que, malgré tout, l'essentiel est de continuer d'avancer. D'accord, sa voiture a du mal à démarrer du fait d'une batterie défectueuse, mais on sent que ce n'est que passager, et que sa voiture comme sa vie finiera par repartir.


Malgré la cruauté d'un quotidien sans coeur et misérable, Louise abandonnée continu d'être soutenue par son corps. Finalement son dernier capital. Et si on se doute bien qu'elle s'en sortira c'est parce qu'elle n'abondonne jamais son corps : elle continu de trouver le moyen de se doucher, de laver ses dents, de faire l'amour et surtout de danser ! Son corps porte sa vie. C'est le matiériau de base du vivant. Ce film est alors l'antithèse de "Shame" de Steeve Mc Queen. Dans Shame l'homme qui possède tout, a besoin de consummer son corps dans l'excès pour se sentir vivant, quand Louise qui ne possède rien reste pourtant bien vivante parce qu'elle semble avoir confiance dans ce corps qui la soutien et qui contient la vie de manière absolue.


Et c'est pourquoi elle ne recherche pas à se réfugier dans une relation sentimentale, ni n'attend un homme pour la sortir du trou. Elle pleure, mais elle ne compte que sur elle-même pour s'en sortir. Et c'est seulement quand elle retrouvera un appartement, une position claire dans la ville, dans l'espace, qu'elle pourra renouer des relations apaisées avec les autres. 


Louise (sublime prestation de Corinne Masiero) n'est pas causante. Elle ne peut pas dire la vérité sur elle-même alors elle ne dit rien. La gravité de sa situation l'oblige à une certaine profondeur qui n'est pas possible de partager dans la banalité d'une conversation. Alors le peu de fois où elle parle, c'est un timbre sourd qu'on entend. C'est très juste d'avoir filmer cette voix grave et caverneuse comme si elle venait du fond de ses entrailles, comme si c'était douloureux pour Louise de la laisser sortir. 


Sur un morceau de Nina Simone qui revient en boucle "Sinnerman" et recommence chaque fois sur ces mots "Oh Sinnerman, where you gonna run to" on comprend qu'il importe moins de savoir vers quoi on se dirige que de continuer d'être en mouvement toujours et encore, en acceptant tout simplement de prendre la vie comme elle vient, avec ses hauts et ses bas.

 

Fiche :

  • Date de sortie
    4 janvier 2012 (1h 20min)
  • Réalisé par
  • Avec
  • Genre
  • Nationalité
    Synopsis et détails
     

    Après une séparation douloureuse, Louise Wimmer a laissé sa vie d’avant loin derrière elle. A la veille de ses cinquante ans, elle vit dans sa voiture et a pour seul but de trouver un appartement et de repartir de zéro. Armée de sa voiture et de la voix de Nina Simone, elle veut tout faire pour reconquérir sa vie.

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14 juin 2012 4 14 /06 /juin /2012 09:00

cosmopolis-copie-1.jpgUne adaptation du roman de Don Delillo, célèbre auteur américain contemporain. Ici Cronenberg tente de mettre en scène l'univers si singulier de Cosmopolis, froid émotionnellement et critique radicale des sociétés modernes.

 

L'essentiel du film se situe a l'intérieure une limousine. Symbole de richesse, de puissance sociale mais aussi d'un volume disproportionné qui prend de la place aux autres, légitimement ?


Le protagoniste (superbe prestation de Robert Pattinson) qui passe sa journée dans cette immense voiture, mise en scène comme un vaisseau spatial. C'est la trouvaille du film: l'hyper puissance technologique et financière de l'anti-héros fait de lui un extra-terrestre, comme hors du monde, déconnecté du commun des mortels, aliéné par sa planète abstraite et sans émotion du pouvoir de l'information spéculative, dans une mégalomanie certes appliquée mais déshumanisante.

 

Superbe prestation aussi de l'actrice Sarah Gadon, l'épouse vivante d'Eric Parker mais qui se meut telle un top modèle sur papier glacé. Visage impassible, discussion factuelle, allure parfaite, travail prestigieux. Cette relation étrange permet aussi de décaler le film dans un sorte d'irréel, presque onirique, et désincarné.

 

Car c'est bien ça le soucis de la perfection : le manque d'asperité, le manque de vie. Alors comme dans Shame de Steeve Mac Queen, le protagoniste qui a tout réussi dans la société moderne est habité par le vide: le vide émotionnelle, le vide sentimental, le vide spirituel qu'il va tenter en vain de combler par une surcharge de sensations. Surplus de sexe : insuffisant. L'expérience de tuer un individu : trop rapide. Il ne reste plus que l'intensité de la sensation de se détruire soi-même (le moment ou il se tire une balle dans la main lui procure une souffrance, qui finalement le ré incarne un instant).

 

Mais le pessimisme absolu de Don Dellilo réside dans la chute qui montre que le déclassé social, le pauvre, tout comme le riche est condamné au vide inhérent à nos sociétés contemporaines. Car le tragique réside dans l'idée que pauvre passe sa vie à envier le riche dont il idéalise la vie, pendant que le riche s'aliéne pour ne pas être pauvre. La boucle est bouclée : c'est sans issue !

 

  • Date de sortie
    25 mai 2012 (1h 48min
  • Réalisé par
  • Avec
  • Genre
  • Nationalité

    Synopsis et détails
     

    Dans un New York en ébullition, l'ère du capitalisme touche à sa fin. Eric Packer, golden boy de la haute finance, s’engouffre dans sa limousine blanche. Alors que la visite du président des Etats-Unis paralyse Manhattan, Eric Packer n’a qu’une seule obsession : une coupe de cheveux chez son coiffeur à l’autre bout de la ville. Au fur et à mesure de la journée, le chaos s’installe, et il assiste, impuissant, à l’effondrement de son empire. Il est aussi certain qu’on va l’assassiner. Quand ? Où ? Il s’apprête à vivre les 24 heures les plus importantes de sa vie.

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24 mai 2012 4 24 /05 /mai /2012 21:58

the-artist-copie-1.jpg Pourquoi je n'aime radicalement pas ce film. Pourquoi je pense qu'il est bien plus le fruit de la guerre des cultures que d'une spontanéité artistique. Pourquoi je crois qu'il porte en lui tous les stigmates de l'Hollywood d'aujourd'hui dans sa faculté à simplifier la condition humaine. 


Tout d'abord, le scénario est construit comme un dessin animé produit par Walt Disney, à savoir qu'il applique la recette la plus pragmatique pour attirer un maximum de spectateurs du monde entier : 1) mettre des petits animaux mignons qui font des bétises pour amuser enfants (ici le rôle du petit chien sympa), 2) ajouter une histoire d'amour basique avec séparation et retrouvailles pour les adolescents (ici le coeur du film), 3) enfin incorporer une petite dose de méchant pouvoir politique pour les adultes plus matures (ici les vilains producteurs d'Hollywood). Ainsi, les gens peuvent venir en famille, et prendre plusieurs places à 10€, sachant que de 7 à 77 ans chacun devrait y trouver son compte.

 

Vous noterez que ce savant mélange s'applique parfaitement au dessin animé "Le roi lion". Mais je tiens à préciser qu'il faut distinguer la production Disney après et avant la disparition de Monsieur Walt Disney. Ce dernier, brillant cinéaste  (ici je sépare bien sûr l'oeuvre de l'homme, en toute conscience de ses troubles amitiés politiques dans les années trente...), ne faisait pas des films d'animation simplistes. Au contraire, il y a dans  "Blanche Neige " par exemple une réelle intensité dramatique, avec cette horrible belle mère qui envoi un bucheron tuer Blanche Neige dans la forêt et souhaite récupérer son coeur pour preuve de la mort de la douce adolescente. Il y avait chez Walt Disney cette - a priori - étrange volonté d'effrayer les enfants, sauf que c'est justement la fonction du conte d'initier l'enfant au monde complexe qu'il devra affronter adulte.

 

Or "the artist" a l'intensité dramatique d'un poulpe. Aucune violence, aucune méchanceté, juste une exclusion systémique : c'est parce que la technologie évolue, le cinéma passant du muet au parlant, que le pauvre Jean Dujardin est exclu du système. Sur la petite dixaine de sous-titres du film, au moins le tiers parlent d'orgueil. Car l'échec du protagoniste serait la conséquence de son orgueil démesuré puisqu'il n'a pas voulu s'adapter à la modernité, mais a préféré continuer à faire des films muets. Quel looser ! 

 

Je ne peux pas m'empêcher de comprendre que l'injonction de ce film est "adaptes toi au système et ferme ta gueule, sinon tu sera exclu de la société". Et ma paranoïa interpèle aussi une pensée de Guy Debors qui voyait dans "le renouvellement technologique incessant" un moyen d'aliéner les masses. Dans "Commentaires sur la société du spectacle" Debors dit "Le mouvement d’innovation technologique dure depuis longtemps, et il est constitutif de la société capitaliste, dite parfois industrielle ou postindustrielle. Mais depuis qu’il a pris sa plus récente accélération (au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale), il renforce d’autant mieux l’autorité spectaculaire, puisque par lui chacun se découvre entièrement livré à l’ensemble des spécialistes, à leurs calculs et à leurs jugements toujours satisfaits sur ces calculs"


Bref! Le pauvre Jean Dujardin s'étant marginalisé, le film montre non seulement sa décadence matérielle et morale, mais de surcroit, sa dévirilisation totale. Car sa bien aimée, cette femme qui trouve la gloire grâce aux films parlants, l'empêche de se suicider, lui rachète ses meubles précieux, et lui trouve du travail. J'en déduis la deuxième injonction du film  :  "adaptes toi au système et ferme ta gueule, sinon tu sera dépendant d'une femme pour vivre, l'ultime loose !".

 

Par ailleurs, je ne crois pas du tout à la spontanéïté des élans critiques autour de ce film et à sa valeur intrinsèque pour mériter autant de récompenses aux Etats-Unis. Je pense - même si je lutte fermement contre la théorie du complot - qu'il est quand même très ironique que des américains valorisent tant un film français, sachant que ce dernier est muet et qu'il rend hommage à l'apport historique des américains pour le cinéma. Sachant qu'Hollywood était bien plus inspiré dans les années 30 qu'aujourd'hui.

 

J'imagine surtout qu'il y a eu un gros boulot de lobbying avec des enjeux financiers et culturels. Comme si l'Hollywood Institutionnel récompensait surtout l'allégeance. Les richissimes décideurs du cinéma "main stream" américain, envoi au monde ce message : "si vos films nationaux flattent notre culture alors nous les mettrons en lumière et les propulseront sur les écrans du monde entier". 

 

Enfin, cette propagande réussie autour de ce faux bon film "The artist" nous rappelle que le cinéma participe aussi puissament à la guerre des cultures, elle-même constitutive de la guerre économique. Sans déconsidérer tous les cinémas bien sûr, car d'autres mettent à l'honneur leur culture quand il l'amène avec de véritables nuances et contradictions. Comme a pu le faire Jeff Nicols, ce jeune cinéaste originaire de l'Arkansas, dans le superbe film "Take Selter" ; et qui me laisse espérer un nouveau souffle à venir d'outre-atlantique.

 

Fiche :

 

 

Hollywood 1927. George Valentin est une vedette du cinéma muet à qui tout sourit. L'arrivée des films parlants va le faire sombrer dans l'oubli. Peppy Miller, jeune figurante, va elle, être propulsée au firmament des stars. Ce film raconte l'histoire de leurs destins croisés, ou comment la célébrité, l'orgueil et l'argent peuvent être autant d'obstacles à leur histoire d'amour.  


 

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20 mai 2012 7 20 /05 /mai /2012 12:36

my-week-with-marilyn.jpgUn biopic sur Marilyn dans une pure forme hollywoodienne. Une esthétique lisse et des personnages secondaires très stéréotypés. Mais l’ambivalence de l’actrice la plus séduisante qui ait jamais existée nous apparaît. D’une beauté magnétique qui repose sur une véritable force de vie, à la femme dévorante qui souffre d’un manque d’amour insatiable.

 

Le film s’ouvre maladroitement sur l'actrice Michelle Williams qui danse avec des prothèses sur les hanches pour rappeler le corps pulpeux de Marilyn. Or, ce corps artificiel enlève toute la grâce aux mouvements de danse de la femme et nous indique que le réalisateur sous-estime l’importance d’être bien dans ancré dans son corps pour séduire. Ainsi il entrave encore davantage la possibilité pour son actrice d'incarner l'immense charme de Marilyn.  Car je pense que Marilyn devait son attraction a la parfaite harmonie entre ses émotions et sa gestuelle. Marilyn, cette éternelle exilée – enfant elle passait d’une famille d’accueil à l’autre, et adulte d’un foyer marital à l’autre -  avait d’autant plus su habiter son corps avec force, comme s’il était son ultime demeure.

 

Montrer Marilyn dans le cadre d’un de ses tournages de film en Angleterre est une bonne idée de situation, qui permet de bien mettre en lumière sa manière d'être commédienne. Ceci afin de ne pas nous la présenter dans les pathétiques et croustillants derniers instants de sa vie ( comme cela s’est vu dans le biopic sur Edith Piaf, "La môme" d'Olivier Dahan, que j’ai trouvé décevant et si peu à la hauteur de l’œuvre de l’artiste, car trop centré sur les tristes moments qui entrainent Edith Piaf vers sa fin). 

 

Ici nous voyons Marilyn sur un plateau de cinéma. Elle est inégale, parfois apeurée parfois en état de grâce, et nous accédons à une part de sa fragilité qui, loin  d’être toujours photogénique, n’est pas restée figée sur pellicule. Nous sentons que son redoutable besoin de plaire est fondé sur le sentiment de n’avoir jamais été aimée pleinement.  De la même manière que dans le film "Cloclo" de Florent Emilio Siri il est évident que la fabrication de la fascinante Marilyn l’éloigne toujours davantage de Norma Jean Backer et donc de la possibilité de faire lien avec l’autre. Et comme Cloclo elle exerce son pouvoir sur les autres avec une part d’instrumentalisation, tout en constatant chaque fois qu’elle joue avec les sentiments des gens, que le pouvoir isole bien plus qu’il ne réunit.

 

Comme s'il fallait choisir entre fasciner ou s'entourer, son don de plaire l'empêche paradoxalment d'être accompagnée. Sans doute parce qu'elle est devenue surnaturelle, alors que le monde est de fait peuplé de d'hommes fragiles car tout simplement humains. 

 

Mais Marylin restera pour moi une des femmes les plus gracieuses qu’il ait été donné à voir. Sa lumière avait sans doute comme revers de flirter avec les ténèbres. Mais elle a ma reconnaissance éternelle de nous avoir offert, dans une sorte d'abandon sacrificiel, ce que la féminité peu avoir de plus splendide.

 

 

Fiche :


  • Date de sortie
    4 avril 2012 (1h 42min
  • Réalisé par
  • Avec
  • Genre
  • Nationalité

    Synopsis et détails

    Au début de l’été 1956, Marilyn Monroe se rend en Angleterre pour la première fois. En pleine lune de miel avec le célèbre dramaturge Arthur Miller, elle est venue tourner LE PRINCE ET LA DANSEUSE, le film qui restera célèbre pour l’avoir réunie à l’écran avec Sir Laurence Olivier, véritable légende du théâtre et du cinéma britanniques, qui en est aussi le metteur en scène. 

    Ce même été, Colin Clark, 23 ans, met pour la première fois le pied sur un plateau de cinéma. Tout juste diplômé d’Oxford, le jeune homme rêve de devenir cinéaste et a réussi à décrocher un job d’obscur assistant sur le plateau. Quarante ans plus tard, Clark racontera ce qu’il a vécu au fil des six mois de ce tournage mouvementé dans son livre, « The Prince, the Showgirl and Me ». Mais il manque une semaine dans son récit… 
    Son second livre, « Une semaine avec Marilyn », relate la semaine magique qu’il a passée, seul, avec la plus grande star de cinéma du monde. 
    Tour à tour drôle et poignant, MY WEEK WITH MARILYN porte un regard intime et rare sur l’icône de Hollywood, en racontant le lien aussi bref que puissant qui s’est noué entre cette femme exceptionnelle et le jeune homme qui a su la comprendre mieux que le reste du monde.

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21 janvier 2012 6 21 /01 /janvier /2012 21:13

fleurs-du-mal.jpg Fleurs du mal, le "premier film 2.0" selon Slate. Se mêlent, en effet, la fiction d'une histoire d'amour parisienne au réalisme de vidéos youtube relatives aux dernières révoltes en Iran. Et cette jeune fille, Anahita, fait le pont entre les deux mondes, puisqu'elle chat sur facebook avec ses proches en Iran, tout en tombant amoureuse de Rachid un jeune danseur hip-hop français.

 

Caméra nerveuse, montage rythmé, apparitions récurrentes de vidéos pixellisées et de textes qui traduisent des dialogues sur facebook ; ce film se veut moderne, jeune, voir hype. Mais à trop se vouloir dans le coup, on manque souvent son coup.


Il est évident que le réalisateur, David Dusa, aime la danse. Son acteur fétiche Rachid Youcef est un danseur hip-hop touché par la grâce c'est certain !  Par ailleurs, les révoltes iraniennes de 2009 sont certainement dignes d'intérêt. Mais le mélange des deux genres est témérère. L'histoire d'amour avec la fille d'origine iranienne se révèle être un lien trop artificiel : la fiction sentimentale ne colle pas avec le brutal documentaire politique que constitues les vidéos youtube.

 

Mais le plus génant est le manque de recul face aux images des manifestants qui meurent sous nos yeux en Iran. Un cinéaste est a priori pleinement conscient de la capacité de manipulation de l'image. La vidéo dite "amateur" a un caractère d'authenticité mais pas de vérité !

 

Or, ici, on ne nous propose rien d'autre qu'un rapport émotionnel à l'image. Sans aucun discours ni analytique, ni politique. La jeune Anahita semble être uniquement concernée par la survie de ses proches qui participent aux manifestations, ce qui accentue la dimention affective de ce moment d'Hisoire de l'Iran, en lui ôtant toute sa dimention collective et donc politique. 

 

J'ai trouvé le personnage de Anahita stupide car incapable d'apporter de l'intelligence dans la manière de voir ce qui se joue dans son pays ; et elle ne retrouve le sourire que face aux exploits de son homme. Elle m'a fait penser à ces filles qui trouvent toujours une raison de déprimer, et qui n'attendent que l'amour d'un homme pour enchanter leur monde. 

 

Il est naturel de décider d'un parti pris dans un film, comme ici, totalement à charge contre le régime d'Ahmadinedjad. Mais placer le spectateur dans un rapport d'empathie avec des personnages qui n'ont qu'une relation passionnelle à un évèment politique, peut paraitre relever de la propagande.

 

Car j'imagine que le régime en place en Iran montre à sa population des images de terroristes qui assassinent des représentants de la nation. Les polititiens d'aujourd'hui ayant très bien compris la manière de fabriquer de fausses vidéos amateurs... à fausse valeur d'authenticité... 


Fiche :

 

  • Date de sortie
    8 février 2012 (1h 40min)
  • Réalisé par
  • Avec
  • Genre
  • Nationalité


    Synopsis et détails 

    Paris-Téhéran. Une histoire d'amour entre deux déracinés : Gecko, jeune affranchi dont chaque pas est une danse, et Anahita, iranienne en fuite, accrochée à l'actualité de son pays. En juin 2009, suite aux élections controversées en Iran, les rues sont envahies par les manifestants. Le régime islamique, soucieux de contrôler son image, arrête les journalistes. Les citoyens décident de témoigner en filmant et diffusant les événements sur YouTube. Ces images sont livrées brutes et choquantes. A Paris, Anahita affronte ces images et y cherche ses proches. A son contact, Gecko est renvoyé à sa propre histoire, et ensemble, ils entament un combat identitaire, mus par la volonté de s’affranchir. Peu à peu leur histoire individuelle est contaminée par l'Histoire et sa médiatisation incessante et inédite sur Internet.

 

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15 janvier 2012 7 15 /01 /janvier /2012 12:20

legrandsoir-copie-1.jpgSi je croisais les gens qui ont commis ce film, je leur dirais que j'ai bien plus d'admiration et de respect pour un homme humble qui se lève chaque matin pour aller vendre des matelats dans un centre commercial, que pour des réalisateurs et acteurs payés des fortunes pour pondre cette horreur esthéiique et morale !

 

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12 janvier 2012 4 12 /01 /janvier /2012 18:32

the-dangerous-method.jpgUne méthode dangereuse, pour qui ? Pour ceux qu'elle libère de leur traumatisme, non. Alors pour l'humain en général, qui est déchu de son titre de maître de la nature depuis que Freud a mis en évidence qu'il ne se maîtrisait déjà pas lui-même. En effet, la découverte de l'inconscient implique d'accepter que nous sommes aussi gouvernés par des forces obscures qui nous échappent.


La psychanalyse est une œuvre initiée par un homme, Freud, qui aspire à comprendre l'humain sous l'angle du langage. Et strictement sur cette base du discours qu'il reçoit de ses patients. 


C'est malicieux, de la part de Cronenberg, de centrer la narration du film sur Jung, disciple puis adversaire de Freud, plutôt que sur Freud lui-même. Comme Milos Forman a positionné le compositeur Saliéri comme protagoniste du film Amadeus pour mettre en relief Mozart. Ainsi, au lieu de montrer ce qu'est la psychanalyse, Jung permet de mettre en lumière ce qu'elle ne doit pas être. Freud tente d'être dans une démarche scientifique puisqu'il récolte des éléments d'analyse du réel pour en déduire des lois de comportement. Quand Jung, trop attaché à l'intuition, dérive vers une pensée plus ésotérique et mystique. Finalement, il y a un désir de toute puissance chez Jung et davantage de modestie chez Freud malgré le génie de ce dernier.


Mais le film ne condamne pas Jung pour autant. Il s'achève d'ailleurs sur l'intuition qu'a eu Jung sur l'arrivée de la seconde guerre mondiale. Comme pour dire que l'intuition n'est pas forcement à exclure, car la psychée humaine recèle des mécanismes mystérieux et encore inexplorés. Mais par soucis de limiter les confusions la psychanalyse oblige à une certaine rigueur et donc à un champ d'étude précis et bien délimité. 


Keyra Knightley fait une jolie prestation de femme hystérique. Enfin peut-être trop jolie... La folie ne la déforme jamais complètement (ou bien je suis jalouse de sa télégénique à toute épreuve). Toutefois, on saluera ici la réhabilitation de Sabina Spielrein, oubliée de l'histoire de la psychanalyse et qui a pourtant soufflé à Freud le concept fondamental de pulsion de mort.


Ce film présente une belle recomposition esthétique du début du XXe siècle avec ses voyages en calèche, ses femmes apprêtées, et ses meubles en bois précieux. Enfin, pour les gens de la "haute"... Car le pan plus modeste de la société n'apparaît jamais ici. Ce qui peut conforter l'idée que la psychanalyse serait un luxe pour enfants gâtés qui souffrent de vieillir. Dommage car c'est bien plus que cela. C'est une exploration de l'être sans concession avec la promesse de libérer certains d'entre nous du poids de leur enfance pour s'autoriser à vivre pleinement, c'est à dire, comme le disait Freud à "jouer sa partie, dire son récit, répondre au monde à sa façon, aimer et travailler". 

 

Fiche :

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